Expatriation sur
les chantiers de construction allemands
Le régime des congés payés.
par
Jacqueline Stieglmeier, avocate à Berlin
* * *
Sous la loi allemande tous les
salariés ont droit à un congé payé annuel. Ces droits font l´objet de la loi
fédérale du 8 janvier 1963 dans la rédaction 29 octobre 1974 et 27 décembre
1993. La loi prévoit un congé annuel minimum de 24 jours pour tous les
salariés âgés de dix-huit ans et plus. Comptent comme jours de congés tous
les jours ouvrables du lundi au samedi sans les dimanches. La convention
collective impérative du secteur du bâtiment prévoit un congé annuel minimum
de 30 jours.
Dans l’industrie du bâtiment
allemand, des réglementations spéciales sur les congés dérogent à la loi
fédérale sur les congés (Bundesurlaubsgesetz). Ceci est lié au fait que les
salariés sont amenés à changer fréquemment de chantiers. Lorsque l’employé
change d’employeur, les droits à un congé payé déjà acquis sont transférés.
C´est le but essentiel des réglementations spéciales que l’employé doit
pouvoir prendre les congés payés qui lui reviennent sans que l’employeur ne
soit lésé sur le plan financier.
L’employeur doit pour cela un
certain pourcentage de la base du salaire brut à la Caisse d’Indemnisation
des Congés et des Salaires du bâtiment (ULAK). Le taux actuel s’élève à
14,25 % des masses salariales brutes mensuelles versées au salarié qui est
expatriés dans le cadre de sa profession. Ainsi la Caisse d’Indemnisation
des Congés et des Salaires assure le financement des congés payés. Si
l’employeur ne paye pas sa contribution ou de manière incomplète, des
pénalités sont à prévoir et il pourra même être exclu des marchés publics.
Depuis la loi du 19 décembre 1998
entrée en vigueur le 01 janvier 1999, l’art. 1 a AEntG dispose que dans
l’industrie du bâtiment, le maître de l´ouvrage en sa qualité d´entreprise
(le maître d´ouvrage privé y est exclu) répond des obligations de son (ses)
entrepreneur (s). La caisse de l’ULAK exigera donc du maître de l´ouvrage
qu’il remplisse ses obligations de paiement alors que le maître de l´ouvrage,
lui, aura la possibilité d’agir en recours contre l´entrepreneur.
Selon la loi sur l’expatriation des
salariés (dite AENTG), les conventions collectives du secteur du bâtiment
s’appliquent aussi impérativement à la relation de travail liant un
employeur étranger et son salarié en exercice dans la zone d’application de
la loi, indépendamment du droit régissant normalement le contrat de travail.
D’après l’art. 1 al.1 phrase 2 AENTG,
les réglementations des conventions collectives sur la durée des congés, le
montant de l’indemnisation et le montant des sommes supplémentaires
éventuelles octroyées à l’occasion des congés font l’objet d’une application
impérative. Les salariés qui sont expatriés dans le cadre de leur profession
profitent de la loi comme les employés allemands. Les employeurs étrangers
doivent participer au financement des congés lorsqu´ils envoyent des
salariés sur la place de la construction.
Sont désignées comme entreprises de
constructions celles qui exécutent principalement les travaux mentionnés
dans les conventions collectives. On recense 42 activités en tout et il
faudra procéder au cas par cas pour déterminer si l’entreprise est dans le
champ d’application de la convention collective du bâtiment. Plus de 50 % de
l’actvité totale doit être une activité du bâtiment en terme de temps de
travail. Il faut remarquer que les travaux dits liés à l’activité de
construction mais n’appartenant pas en soi à cette activité doivent quand
même être assimilés aux activités de construction telles que définies par la
convention collective.
Les employeurs ayant leur siège à
l’étranger ne sont libérés de l’obligation de la contribution aux congés
payés qu´à condition qu’il existe dans le pays d’origine un organisme
comparable attestant du paiement des contributions courantes durant le temps
de séjour en Allemagne. Entre la France et l´Allemagne existe une telle
convention. A condition que l´employeur francais continue de payer des
contributions à la caisse francaise, il est libéré de l´obligation de la
contribution envers l´ULAK.
Les droits aux congés payés sont
calculés par l’ULAK d’après les indications de l’employeur. Celui-ci a
jusqu’au 15 du mois pour communiquer les salaires bruts de ses salariés
professionnels dans une déclaration mensuelle. A la fin de l’année les
congés restant à l’actif des salariés sont reportés à l’année suivante. Si
les salariés ne prennent pas leurs congés avant la fin de cette année leur
droit disparaîtra. Les congés acquis dans le pays d’origine avant
l’expatriation du salarié s’ajoutent à ceux acquis sur le sol de la RFA.
Avant le début des congés, s’il veut
recevoir l’indemnisation qui lui revient, l’employeur doit déposer une
demande auprès de la caisse de l’ULAK en vue de l’indemnisation des congés.
Si l’employé n’est pas en mesure de bénéficier de ses congés payés, le droit
aux congés s’éteint.
Cela concerne avant tout le cas où l’employé intéressé n’exerce plus
d’activité dans le secteur du bâtiment depuis plus de 3 mois ou qu’il quitte
le territoire allemand pour cette même durée. Dans ce as-là l’employé
recevra de l’ULAK une indemnisation sans prendre de congés. Dans ce cas
également l’employeur est tenu de déposer une demande.
Les juridictions du travail sont
compétentes pour statuer les litiges entre salariés et employeurs résultants
des rapports de travail. La compétence des juridictions du travail s´étend
aussi aux litiges résultants des fonctions de l´ULAK. Selon § 7 AEntG les
juridictions du travail allemandes ont la compétence internationale
concernant ces litiges. La procédure devant les juridictions du travail
ressemble pour l´essentiel à la procédure devant les tribunaux judiciaires.
Ses particuliers tinnent avant tout à ce qu´il s´agit là d´une procédure
accéléré et simplifiée. La procédure commence par l´introduction de la
demande. Ensuite une audience de conciliation a lieu. Faute d´accord amiable,
une audience est fixée pour le débat oral.